Depuis qu’Isaac Newton l’a compris, nous avons appris que la force gravitationnelle attire tout corps solide vers le centre de la terre. Curieusement les lois de la physique ne s’appliquent pas aux pierres que l’on trouve dans nos champs. Petits ou gros, une multitude de silex remontent obstinément à la surface des sols au point que tous les ans, il faut passer les ramasser comme s’il en poussait.
Comme personne n’a jamais observé dans la région une pluie de pierres, il faut bien admettre qu’elles viennent de la terre. Pourquoi remontent-elles à la surface alors que les lois de la pesanteur devraient assurer leur enfouissement au plus profond des sous-sols ?

Certains soutiennent que les intempéries emportent la terre des champs et découvrent les pierres. Mais à ce rythme, les champs devraient être enfoncés de plusieurs mètres et il faudrait y descendre ce qui n’est heureusement pas le cas.
D’autres assurent que les taupes et vers de terre, en creusant leurs galeries, évacuent les pierres en surface tels des mineurs. La mise en situation de ces sujets à côté d’un silex laisse dubitatif quant à leur capacité à déplacer de tels poids même s’ils s’y mettent à plusieurs, fait à ce jour jamais observé.
D’autres experts mentionnent le travail du sol, le labour, qui en retournant la terre, remonterait les pierres. Mais la profondeur du labour restant la même, le phénomène devrait se tarir après les premières récoltes de pierres. Comme il n’en est rien et que, même sans labour, les pierres remontent, il faut bien chercher les causes encore ailleurs.
Les dernières publications scientifiques semblent converger sur les mouvements convulsifs des sous-sols provoqués par des écarts de densité des roches, mouvements qui telle une digestion difficile expulseraient les corps les plus lourds vers les couches les moins denses, c’est à dire la surface.
Quoiqu’il en soit, ce phénomène a le mérite de nous mettre en contact direct avec le Crétacé. Une pierre en forme de casque étonnamment lisse pour un silex est apparue un beau jour dans un champ. En l’observant de plus près, des lignes en minuscule pointillées se rejoignaient sur un axe central ; si c’était bien un silex, il s’était formé à l’intérieur d’un moule et ce moule était de toute évidence le squelette d’un oursin.

Il y a quelques années (tout de même environ 15 millions) notre région se trouvait au fond de l’océan Thétis qui recouvrait pratiquement toute l’Europe. Le climat était chaud et la température de l’océan devait avoisiner les 37°C. Les eaux étaient peuplées de plusieurs espèces de reptiles marins aujourd’hui éteintes mais également de poissons qui existaient déjà.
Sur les fonds marins peu profonds prospéraient des mollusques comme les ammonites dont on peut retrouver les coquilles fossilisées dans les falaises normandes et de nombreuses espèces d’oursins fouisseurs qui se nourrissaient dans les sédiments marins. Leur squelette calcaire a favorisé leur fossilisation et c’est eux que l’on peut parfois retrouver dans les champs.